miércoles, 26 de febrero de 2020

LOS LÍMITES DE LA ARQUEOLOGÍA CONTEMPORÁNEA

Traducción del artículo aparecido en Le Monde sobre el número especial de Les Nouvelles de l'archéologie editado con ocasión del 40 aniversario de la revista.

Les nouveaux champs d’exploration de l’archéologie française

Pierre Barthélémy, Le Monde Vendredi 21 février 2020

Con ocasión de su 40 aniversario, la revista « Les Nouvelles de l’archéologie » realiza un balance y muestra cómo el trabajo de los arqueólogos se ha abierto a otros terrenos de investigación como el clima o las ciudades.

La revista de revistas, creada en 1979, la revista Les Nouvelles de l’archéologie acaba de celebrar 40 años. Una ocasión para elaborar, en un número doble, el balance de la profunda mutación que ha vivido la arqueología francesa en el curso de estas cuatro décadas. La principal transformación del periodo fue la ley del 17 de enero de 2001, que significó que por fin Francia se organizara para estudiar y preservar su patrimonio enterrado de manera previa a las grandes operaciones de ordenación del terrirorio. Ello conllevó la creación del Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), que dio el marco financiero y profesional a las excavaciones llamadas de urgencia, cuando los investigadores intervienen antes que las palas excavadoras.

De forma paralela, las prácticas científicas también conocieron su propia evolución, el arqueólogo desprendiéndose de sus disciplinas tutelares tradicionales (la Historia y la Historia del Arte) para acabar proyectándose, hacia las ciencias más “duras” previo “bricolaje disciplinario”. De esta manera, tal y como rastrea este proceso Anne Augereau (Inrap), los nuevos enfoques de campo integran “estudios especializados casi siempre –sobre las producciones líticas, cerámicas, metales, restos de fauna y la arqueozoología, los restos de la construcción y de la arquitectura, sobre los asentamientos…–, los análisis bio y geoarqueológicos (…) han adquirido de forma paralela un relieve inédito”.

Estamos bien lejos de la caricatura de un Indiana Jones excavando para desenterrar objetos de prestigio. Si la arqueología fascina todavía, el descubrimiento del artefacto suntuoso, de la ruina, no son el alfa y el omefa de la actividad arqueológica. “Hay líneas de investigación que han progresado de manera muy importante », continúa Anne Augereau: la explotación en todas las épocas de materias primas végétales, animales y minerales, la arqueología de los paisajes, la arqueología de las ciudades, las redes de intercambio, la historia del clima…”. De forma similar, periodos más recientes, como la primera y la segunda Guerra Mundial, se han abierto a una disciplina, que se frecuentemente a épocas mas remotas.

Hasta aquí el balance. En un artículo poco optimista titulado “Regreso al futuro”, Laurent Olivier, conservador en jefe del patrimonio, pone en evidencia que la arqueología preventiva “es el producto indirecto de la «Gran Aceleración» de la presión antrópica sobre el medio terrestre”. Ligado a una “época de la Devastación”, el antropoceno imprime su marca sobre la Tierra –“devastando iguamente los recursos arqueológicos, al tiempo que confronta la práctica de la disciplina a tal inflación de datos y de restos que no sabemos cómo tratarlos ni gestionarlos”. La arqueología podría alcanzar sus propios límites, de la misma manera que estamos alcanzando los de la biosfera.

Les Nouvelles de l’archéologie, « Les nouvelles ont 40 ans ! », n° 157-158, septembre-décembre 2019, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 160 p., 24 €.

Les nouveaux champs d’exploration de l’archéologie française

Pierre Barthélémy, Le Monde Vendredi 21 février 2020 

A l’occasion de son 40e anniversaire, la revue « Les Nouvelles de l’archéologie » dresse un bilan et montre comment le travail des archéologues s’est ouvert à d’autres terrains de recherche, tels les climats ou les villes.

La revue des revues. Lancée en 1979, la revue Les Nouvelles de l’archéologie vient de fêter ses 40 ans. L’occasion pour elle, dans un numéro double, de dresser le bilan de la profonde mutation qu’a subie l’archéologie française au cours de ces quatre décennies. Le principal bouleversement de la période a incontestablement été la loi du 17 janvier 2001, grâce à laquelle la France s’est enfin organisée pour étudier et préserver son patrimoine enfoui en amont des grandes opérations d’aménagement du territoire. Cela s’est traduit par la création de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a donné un cadre financier et professionnel aux fouilles dites d’urgence, au cours desquelles les chercheurs interviennent avant les bulldozers.

En parallèle, les pratiques scientifiques ont aussi connu leur propre révolution, l’archéologue se détachant de ses traditionnelles disciplines tutélaires (l’histoire et l’histoire de l’art) pour se déporter, au gré d’un « bricolage interdisciplinaire », vers des sciences plus « dures ». Ainsi que le retrace Anne Augereau (Inrap), les nouvelles approches sur le terrain intègrent « la plupart du temps des études spécialisées –sur les productions lithiques, céramiques, métalliques, sur les restes fauniques et l’archéozoologie, sur les vestiges du bâti et de l’architecture, sur les questions d’implantation, etc. –, les analyses bio et géoarchéologiques (…) prenant, parallèlement, un essor inédit ».

On est donc loin de la figure caricaturale d’un Indiana Jones creusant le sol afin d’en déterrer de prestigieux vestiges. Si elle fascine toujours le public, la découverte du somptueux artefact, de la belle ruine, n’est plus l’alpha et l’oméga de l’activité archéologique. « Des axes de recherche ont bénéficié d’avancées très importantes, poursuit Anne Augereau : l’exploitation, à travers les âges, des matières premières végétales, animales et minérales, l’archéologie des paysages, l’archéologie des villes, les réseaux d’échanges, l’histoire des climats, etc. » De la même manière, des périodes historiques récentes, comme la première et la deuxième guerre mondiale, se sont ouvertes à la discipline, qui s’était souvent cantonnée à des temps plus reculés.

Voilà pour le bilan. Dans un article sombre intitulé « Retour vers le futur », Laurent Olivier, conservateur en chef du patrimoine, fait remarquer que l’essor de l’archéologie préventive « est le produit indirect de la “Grande Accélération” de la pression anthropique sur les milieux terrestres ». Apparenté à un « âge de la Dévastation », l’anthropocène – l’ère géologique actuelle, où l’humanité imprime physiquement son sceau sur la Terre – « dévaste également les ressources archéologiques, en même temps qu’elle confronte la pratique de la discipline à une telle inflation de données et de restes que l’on ne sait plus comment les traiter ni les gérer ». L’archéologie pourrait donc toucher à ses propres limites, tout comme nous touchons à celles de la biosphère.

Les Nouvelles de l’archéologie, « Les nouvelles ont 40 ans ! », n° 157-158, septembre-décembre 2019, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 160 p., 24 €.

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